Article du journal « Les grenouilles enragées »:

Le consentement est un sujet dont on entend beaucoup parler dans les médias grâce notamment à une libération de la parole des victimes de viols et d’agressions sexuelles suite au mouvement #metoo, et plus récemment suite aux mouvements #metooinceste et #metoogay.

Mais pour beaucoup, la notion de consentement n’est pas si claire que ça. Demander le consentement de sa/son/ses partenaire.s n’est pas systématique. Nous avons donc décidé d’utiliser cet espace d’expression qu’est le journal du lycée pour écrire un article à ce sujet et démystifier tout ça afin de vous informer pour pouvoir prendre les bonnes décisions.

Qu’est-ce que le consentement ?
        Très simplement, le consentement c’est donner son accord à quelqu’un pour qu’iel vous fasse quelque chose. Par exemple, lorsque vous êtes sur internet vous pouvez consentir à accepter les cookies, à ce qu’un site utilise vos données par exemple. Dans ce cas il s’agit d’un consentement libre et éclairé, quoi que… vous n’avez sûrement pas lu toute la politique du site en question et avez sans doute cliqué machinalement sur accepter. De plus, il est presque impossible aujourd’hui de ne pas posséder de compte Google par exemple. Ce n’est donc pas si simple que ça pour les données non plus mais c’est un tout autre sujet. Ici, nous allons nous intéresser particulièrement au consentement sexuel ou à toute forme d’intimité physique.
      Pour expliquer cela très simplement, voici une petite BD destinée aux enfants mais pas que ! En effet, il apparaît évident encore aujourd’hui que de nombreux adultes ne connaissent pas ces règles simples.
        Et oui, les enfants sont des personnes humaines à part entières ! Respecter leur consentement passe aussi par le fait de ne pas les forcer à embrasser des inconnu.es ou leur grand-parents contre leur gré. Cela leur apprend qu’iels ont le droit de dire non et qu’iels ne doivent pas le faire seulement pour faire plaisir à un adulte.
NON C’EST NON, mais oui c’est parfois non
        La vision du consentement dans la société est souvent perçue comme très binaire et simpliste. Mais dans la réalité ce n’est pas forcément aussi simple. Accepter de coucher avec quelqu’un ne signifie pas tout accepter ou refuser. Une personne ne consent pas à avoir des rapports sexuels dans l’absolu. Une personne peut consentir à un moment donné à certaines pratiques. Un « oui » n’est pas un oui pour tout. On peut consentir par exemple à tenir la main de quelqu’un mais pas à lui faire un câlin. De plus, on peut retirer son consentement à n’importe quel moment. Ce n’est aussi pas parce qu’on dit oui à quelqu’un une fois qu’on est forcément consentant.e la fois suivante.
        De plus, quand on pose la question à quelqu’un, la réponse n’est pas forcément aussi claire qu’un oui ou qu’un non. La personne peut rester dans le silence, dire peut-être… Ne pas dire non n’équivaut pas à consentir. Se taire n’équivaut pas à consentir. Un peut-être n’équivaut pas à consentir.
       En effet, il n’est aussi pas toujours si facile que ça de dire non. Beaucoup de personnes cèdent à avoir un rapport sexuel mais n’y consente pas pour autant. Le fait d’essayer de forcer une personne à dire oui à un acte sexuel s’appelle la coercition sexuelle et est très banale et banalisée. Face à une personne très insistante, beaucoup finissent par céder pour diverses raisons dont nous allons en développer quelques unes ci-dessous.
     Tout d’abord, iels cèdent par peur de blesser l’autre, de blesser son ego ou pour inconsciemment remplir leur devoir conjugal. C’est ce qu’on appelle l’obéissance sexuelle, l’autodiscipline que s’inflige certaines personnes en réponse à une pression sociale pour assurer leur rôle de conjoint.e. Pour appuyer cette théorie, une étude de 2003 réalisée en Suède a montré que 47% des femmes qui avaient des douleurs pendant la pénétration continuaient à avoir des rapports sexuels pour ne pas blesser leur partenaire et que un tiers de ces femmes ne disaient même pas qu’elles souffraient à leur partenaire.
        Iels peuvent encore céder par peur d’une augmentation des violences et de devoir alors subir un « vrai viol » dans l’imaginaire collectif, c’est à dire un viol avec en plus des violences physiques. Beaucoup peuvent donc céder par peur de cette escalade des violences, que face à un refus, l’agresseur.se les force physiquement en les empêchant de bouger ou en les menaçant avec une arme.
        D’autres cèdent par contrainte économique, c’est ce qu’on appelle la coercition économique. Par exemple, un parent peut céder face à son patron par peur de perdre son travail, qui lui est nécessaire pour nourrir ses enfants. On sait que si on ne cède pas on ne va jamais recevoir de promotion. On ne va jamais obtenir la mutation qu’on a demandé. On va toujours devoir s’occuper des tâches les plus ingrates. Ou alors même on va être blacklisté.e si on ose en parler. Cette coercition économique n’a pas lieu que au travail, elle peut aussi arriver au sein d’un couple. Par exemple, une femme handicapée dont ses revenus dépendent de ceux de son conjoint ou même qui dépend totalement financièrement de son conjoint, peut se sentir forcée à dire oui. On peut aussi inclure dans cette coercition économique certaines formes de prostitution.
 
*JDIWI = je dis oui
Qu’est-ce qu’un viol ?
        Ce qu’on ne dit pas assez, c’est donc qu’un oui cache parfois un non aussi. Un oui obtenu avec insistance n’est donc pas un vrai oui. Un oui obtenu par contrainte ou menace est un viol. En effet, d’après la loi française, «Le viol est un acte de pénétration sexuelle commis sur une victime avec violence, contrainte, menace ou surprise (dans ce dernier cas, la victime est trompée par la ruse de l’agresseur). Tout acte de pénétration sexuelle est visé : vaginale, anale ou buccale. La pénétration peut être effectuée par le sexe de l’auteur du viol, par ses doigts ou par un objet. S’il n’y a pas eu pénétration, il n’y a pas viol mais agression sexuelle. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des violences physiques pour qualifier un acte de viol. Il suffit que la victime n’ait pas donné son consentement clair et explicite. » La tentative de viol est punie des même peines que le viol.
          De plus, faire des pratiques dont l’autre n’est pas au courant, par surprise, est aussi un viol. Par exemple, il peut s’agir de «stealthing», c’est à dire de retirer son préservatif par surprise. Tout simplement lorsqu’on s’engage dans une relation sexuelle avec quelqu’un sans avoir reçu son consentement libre et éclairé, c’est un viol. Un viol ce n’est pas forcément une agression dans une ruelle sombre la nuit par un inconnu. Un viol est en effet commis le plus souvent par une personne de son entourage. Prendre du plaisir n’est pas non plus la preuve d’un consentement de la victime, de nombreuses personnes éprouvent énormément de culpabilité face à cela alors que ce n’est pas lié et qu’il s’agit seulement d’une réaction mécanique de leur corps.
Qui ne dit mot ne consent PAS
         Il y a aussi toutes les personnes qui ne peuvent physiquement par dire non, tout simplement car elles sont victimes de sidération psychique. La sidération psychique est un phénomène entraînant une paralysie face à un traumatisme. La victime est dans l’impossibilité de parler, de bouger, de se défendre. Cet état de choc est un phénomène biologique directement observable sur une IRM. Face au stress, la production d’hormones de stress, cortisol et adrénaline, est très importante et n’est pas bien régulée par l’organisme ce qui présente un risque vital pour l’individu. L’organisme va donc entrer dans cet état de paralysie pour se protéger des atteintes possibles au système nerveux et cardiovasculaire liées à la surproduction d’adrénaline et de cortisol. Suite à cela, il se produit une dissociation, les victimes ont souvent l’impression d’assister à la scène de l’extérieur, cette dissociation permet au corps de ne plus ressentir la douleur et les émotions pour se protéger. La sidération rend très difficile le fait de pouvoir se souvenir précisément de ce qui s’est passé et amène souvent à des confusions spatio-temporelles ce qui est reproché aux victimes lors des procès alors que cela constitue en réalité une preuve du traumatisme. Les victimes ressentent aussi souvent une forte culpabilité car elles n’ont pas pu se débattre. Si vous voulez en savoir plus, voici une interview de la psychiatre Murielle Salmona spécialiste de la question.
          Il y a aussi toutes les personnes qui ne sont pas en âge de consentir. Un garçon de 11 ans ne consent jamais à avoir une relation sexuelle avec un homme de 40 ans. Un enfant ne peut jamais consentir à une relation sexuelle avec un adulte.
        Il y a aussi toutes les personnes qui ne peuvent pas consentir car elles sont endormies, inconscientes, sous l’effet de drogues ou de l’alcool ou encore dans un état psychologique altéré.
          Pour finir et pour résumer tout ça, vous pouvez allez voir la vidéo Tea consent qui explique bien le consentement de manière humoristique à travers le fait de proposer une tasse de thé à quelqu’un et montre bien à quel point il est absurde de forcer quelqu’un à boire du thé pendant qu’iel dort ou si iel n’a plus soif par exemple. Voici ici la version en français si vous préférez.
        Si vous avez des idées de prochain article n’hésitez pas à les mettre en commentaires ou à les proposer au CDI. Vous pouvez aussi écrire vous-même un article pour que nous le publions ici !
Sources :
En finir avec la culture du viol, Noémie Renard, Les petits matins, 2018